mercredi 24 octobre 2012

Mon premier Marathon...

Je ne savais pas vraiment dans quoi je me lançais le 9 Juillet dernier date du début des 14 semaines de préparation pour le Marathon de Montpellier. A la faveur d'un abonnement à Jogging International reçu en cadeau de Noël 2011, je me suis fait faire un programme à raison de 4 séances par semaine pour un objectif de 3h30 donc un peu plus de 12 km/h. A la vue des temps aux semis 2010 et 2011 oscillant entre 1h42 et 1h45, les 3h30 avec un bon entraînement semblent accessibles. La préparation commence à Amsterdam en Hollande où le travail m'envoie pour le week-end du 14 Juillet, mais la seconde semaine, patatras, à cause d'un faux mouvement inopiné sur une course légère, c'est la micro-déchirure qui m'arrête 10 jours et me fait louper les 2 sorties longues de 2h30 prévues en fin des 2ème et 3ème semaines... moral en berne !

Heureusement la 4ème semaine est plus légère et me permet de remonter en puissance et d'enchaîner sans problème les séances de fractionnés courts ou longs ou d'endurance. Entraînements effectués la plupart du temps seul du fait des congés, et en montagne (Jura, Alpes, Pyrénées) où il est difficile de trouver 400 m plats pour des séances de VMA mais où la chaleur est nettement moins pénible qu'au Crès en Juillet/Août. Je croise néanmoins les autres marathoniens de Run In Cres à l'occasion des dernières séances sur le stade Gamet en Septembre.

D'une moyenne initiale de 12 km/h, la montée en puissance et la forme aidant, je me cale plutôt sur une préparation à 12,5 km/h laissant s'insinuer l'idée dans mon esprit que les 3h25 voire plus près des 3h20 sont possibles ! D'ailleurs, je boucle le semi de Teyran avec le frein à main à 12,5 km/h de moyenne au sein d'une sortie longue de 31 kms. Le marathon n'a qu'à bien se tenir... mais il ne faut pas s'emballer et la distance mythique appelle plutôt à l'humilité... je me mets donc dans l'idée de partir plus tranquillement un peu au dessus de 12 km/h et de tenter le Negative Split pour accélérer dans la seconde partie et gagner sur l'objectif. La préparation s'achève par 2 semaines légères où il m'est difficile de réfréner les ardeurs de vitesse objectif dans les séances.


    
Le début de la semaine du marathon est pénible, la pression monte, le stress s'installe. Ce n'est qu'en croisant Bruno à midi du coté de Verchant lors de la dernière séance de préparation et son aveux qu'il en rêve aussi la nuit, que je me calme en me disant que même si les meilleurs stressent alors il vaut mieux se faire une raison ! Et le reste de la semaine coule sans cogitations excessives. Mise dans l'ambiance le Vendredi soir avec le retrais du dossard du coté des marathoniens... et pas des relayeurs cette année ! Semoule, Polenta, Riz et Pâtes riment les menus des derniers  jours, la tenue préparée l'avant veille évite la montée d'adrénaline de la dernière minute à rechercher les épingles à nourrice... et me voilà Dimanche à 8h15 sur la Comédie pour l'échauffement. La pluie annoncée se décale vers l'après midi, le soleil est au rendez-vous et la température est idéale. Je retrouve Florence et Cédric qui m'annonce qu'une douleur à l’aine l'empêche de forcer en montée. Ne pas être à 100% au départ doit être terrible et je le plains.

Pan ! Le départ est donné et les kilomètres défilent, les 5 premiers sont avalés à 13 km/h et je me freine pour ne pas exploser même si le cardio est tranquille à moins de 160 /mn. Au grès des ravitaillements et des encouragements des relayeurs, Bénédicte à Philipides, Olivia à Saint Maur, j'arrive au pied de la côte du Super U, 29ème kilomètre avec une moyenne depuis le départ de 12,5 km/h et le cardio toujours tranquille. Je suis passé au semi en 1h41 et l'idée d'en avoir un second à faire ne m'a pas effleurée un instant, le parcours se prolonge c'est tout. J'accélère comme d'habitude en côte dans la montée de la Pompignanne et le cardio monte à 175 km/h. Je me remets alors au train dans le contournement d'IBM mais quelquechose à changé. Je regarde ma montre, j'ai du mal à monter au dessus de 11,5 km/h même sur le plat et le cardio est à plus de 175/mn... c'est vraiment le moment d'arrêter de freiner et de passer la seconde... sauf que les jambes et les tripes sont vides... plus d'énergie, la panne. J'ai pourtant bu à chaque ravito tous les 5 kms et ai mangé du pain d'épice tous les 10 kms.

Mais ma bonne étoile ne m'abandonne pas et la bonne fortune me sourit sous la forme de Marc et Nathalie en vélo au rond-point de Dell. Encouragements, échange de quelques mots, ils réalisent que cela ne va pas bien. Je dois tenir, ma femme et mes filles sont au parcours santé de Gramont, mes parents à Antigone... j'ai donné du temps et de la sueur depuis 3 mois, pas question de flancher après le 30ème kilomètre. Marc me prend alors en main psychologiquement et va me suivre avec Nathalie jusqu'au dernier kilomètre, en m'encourageant, me parlant, m'engueulant, me ravitaillant. Je tiens ma moyenne de plus de 11,5 km/h mais le cardio est à bloc, 180, 190... Les 2 derniers kilomètres sont avalés mais seules les jambes fonctionnent encore. Je revois des flashes de mes parents Place du Nombre d'Or, d'une vieille dame stoppée par un bénévole sur un passage piéton, les derniers encouragements de Marc en bas de la rue Maguelone, mais je n'ai pas souvenir d'être passé où passe le parcours depuis le ravitaillement du 40 ème kilomètre au bord du Lez. Quasi hypnose...    

La ligne est franchie, soulagement, moins de 3h30... 3h28'40" (34" à ma montre) exactement.  Il me faudra 30 minutes pour reprendre mes esprits et retrouver quelques couleurs. L'arrivée des relais met de l'ambiance, je retrouve Bruno frais comme un gardon, Florence et Cédric qui ont aussi souffert et franchement galéré parfois mais nous sommes heureux d'avoir terminé. On se prend en photo avec nos médailles et autres récompenses florales. Les relayeuses de Run In Cres se regroupent et nous échangeons nos impressions. Retour à la maison, envie de sieste et de passer à autre chose. 

Que reste-t-il 10 jours après ?

- Une satisfaction évidemment, en premier lieu d'avoir atteint l'objectif fixé et d'avoir fini en moins de 3h30. Le fait de n'avoir eu mal vraiment nul part pendant et après le marathon puisqu'à part les courbatures musculaires normales des 2 jours suivants, je n'ai eu aucune séquelle, le travail de fond a payé. Et les séances de décrassage ont repris.

- Par contre de la course elle-même je garde plutôt une énorme frustration. J'avais lu avant - je ne sais plus où - que "le marathon c'est 30 kms d'attente et 12 kms de course". Pour moi, j'ai l'impression qu'il n'y a pas eu de course. J'ai fait 30 kilomètres d'attente en ayant l'impression d'être en dedans, et lorsque la course a commencé, je n'étais plus au rendez-vous ni physiquement, ni mentalement. J'avais expérimenté la fatigue auparavant à l'occasion de raids nature dans mes jeunes années ou de courses de VTT, il y a toujours un second souffle qui arrive, une force qui monte des tripes, une exaltation d'adrénaline. Un sentiment de puissance et d'invincibilité. Je pense que c'était cela que j'étais venu chercher. Mais là... rien de tout ça. Est-ce l'âge ? Un objectif trop ambitieux ? Une mauvaise gestion du début de course ? Une hydratation ou alimentation insuffisante ? J'espère que je trouverai la réponse...

Et j'ai hâte d'avoir d'autres occasions de rechercher et de retrouver cette sensation incomparable que seul le Sport en compétition mais seul face à soi-même peut procurer.

Enfin Mille Mercis à Marc et Nathalie, mes sauveurs des 10 derniers kilomètres, aux relayeurs et relayeuses de Run In Cres qui m'ont encouragé même si je ne suis pas sur de vous avoir tous vus, à Olivier F et Thierry L pour m'avoir servi de lièvre respectivement lors des séances d'1h à l'allure marathon et des sorties longues en endurances, à Florence et Cédric T pour avoir aussi partagé des séances et leur objectif marathon, à Michel pour sa confiance et son optimisme tout au long de la préparation et à tous les coureurs de Run In Crès croisés lors des dernières 15 semaines. A charge de revanche !  

Yann   



   
      

5 commentaires:

  1. Un seul mot BRAVO.
    pour ton programme,ta motivation, ta tenacité,toutes ses qualités qui permettent de réaliser ses objectifs tout en se donnant du plaisir.
    tu es un exemple à suivre;
    Michel

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  2. merci de nous avoir fait partager tes séances d'entrainement, ta course et le bilan.
    je confirme qu'un marathon ce n'est pas une course comme les autres.
    Voilà tu es marathonien... et c'est pour la vie.
    flo

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  3. franchement quand je vois ta tête au 42eme kilo je me dit que a new-york je veux personne a l arrivée!!!!!!!!!!
    bravo de te voir faire ça me donne envie de me lancer.
    encore bravo y compris a ta femme et tes filles pour les quelques semaines terribles qu'elles ont du passer
    mag

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  4. Bravo Champion et au autres marathoniens du club.
    Profite du second soufle qui vient maintenant et qui sera au rendez vous pour les 20 km de Montpellier.
    Et puis maintenant va falloir penser aux 03:20.... ça ne s'arrête jamais!
    A bientot
    Hug

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  5. Bravo Yann bienvenue dans le club des marathoniens et avec la manière (objectif atteind). Le premier marathon, on le garde toujours dans son coeur. Même si les sensations n'étaient pas toutes là, il y aura une prochaine fois et une prochaine...Pourquoi pas un marathon ensemble, il n'y a que les montagnes qui ne se rencontre pas.Bravo pour ce chrono je n'ai pas fait mieux à ma première édition, tu es donc bien plus rapide que moi. C est toi le lièvre maintenant... Bravo à tous pour la participation à Montpellier. A bientôt.
    david

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